Zika

Repas de sang d'Aedes aegypti femelle, moustique vecteur du Zika. © Institut Pasteur/Anna-Bella Failloux

Le virus Zika est un Flavivirus transmis par les moustiques du genre Aedes. Il est répandu en Asie et en Afrique, et a récemment émergé en Amérique centrale et en Amérique du Sud. La maladie qu’il provoque se manifeste trois à douze jours après la piqûre de l’insecte vecteur, par divers symptômes, évoquant ceux de la dengue ou du chikungunya, eux aussi véhiculés par ce même moustique : fièvre et maux de tête, éruption cutanée, baisse du tonus musculaire, douleurs dans les membres et les articulations… Silencieuse chez la plupart des personnes infectées, elle reste le plus souvent bénigne, et peut durer jusqu’à une semaine. Chez le foetus, transmis à la femme enceinte, le virus peut en revanche être à l’origine d’une malformation sévère, la microcéphalie, responsable d’un retard mental irréversible. Il n’existe actuellement aucun vaccin, préventif ou thérapeutique, contre le virus Zika. Les seuls traitements disponibles restent symptomatiques.

 

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> Moyens de lutte contre la maladie
> A l’Institut Pasteur
> Les équipes mobilisées

 

Causes

La fièvre Zika est due à un arbovirus (virus transmis par les insectes), appartenant à la famille des Flaviviridae, du genre flavivirus, comme les virus de la dengue ou encore de la fièvre jaune. L’insecte vecteur de la maladie est le moustique femelle du genre Aedes qui est identifiable grâce à la présence de rayures noires et blanches sur ses pattes. L’espèce actuellement capable de transmettre le virus Zika est l’Aedes aegypti, originaire d’Afrique. L’Aedes albopictus (moustique tigre, originaire d’Asie) pourrait s’avérer également être un vecteur du virus Zika, comme il l’est déjà pour la dengue et le chikungunya.

 

Le moustique est infecté par le virus lors d’un repas sanguin, quand il pique une personne porteuse du Zika. Le virus se multiplie au sein du moustique sans conséquence pour l’insecte. Puis, lors d’une prochaine piqûre, le moustique déverse le virus dans le sang d’une nouvelle personne. Les symptômes apparaissent 3 à 12 jours après la piqûre, mais durant cette période la personne peut être à l’origine de l’infection d’autres moustiques si elle se fait piquer à nouveau. Les personnes atteintes du Zika doivent donc éviter d’être piquées afin d’interrompre le cycle de transmission virale.

 

Symptômes

La majorité des personnes infectées par le virus (on estime 70 à 80 % des cas) ne développent aucun symptôme. Chez le reste de la population, les symptômes déclenchés par le virus Zika sont de type grippal : fatigue, fièvre (pas nécessairement forte), maux de tête, douleurs musculaires et articulaires dans les membres. A ces symptômes s’ajoutent différents types d’éruptions cutanées. Une conjonctivite, une douleur derrière les yeux, des troubles digestifs ou encore des œdèmes des mains ou des pieds peuvent apparaitre. Dans la plupart des cas, ces symptômes sont assez modérés et ne nécessitent pas d’hospitalisation.

 

Ces symptômes étant peu spécifiques, et le virus Zika se trouvant dans les mêmes régions que ceux de la dengue et du chikungunya, rendent difficile le diagnostic exact.

 

Complications

Les complications sont peu fréquentes mais dans le cas d’une importante épidémie, elles ne doivent être négligées. Certains cas de complications neurologiques post-infectieuses, de type syndrome de Guillain-Barré, ont été constatés au Brésil et en Polynésie française. Ce syndrome entraine une paralysie ascendante progressive qui peut atteindre les muscles respiratoires.

 

Les femmes enceintes risquent de transmettre le virus au fœtus, ce qui peut engendrer de graves anomalies du développement cérébral chez l’enfant.

 

Epidémiologie

Le virus Zika est détecté pour la première fois chez un singe en Ouganda en 1947. Un an après, il est isolé dans la même région chez un moustique Aedes.

 

Les premiers cas humains apparaissent dans les années 1970 dans d’autres pays d’Afrique (Ouganda, Tanzanie, Égypte, République centrafricaine, Sierra Leone, Gabon et Sénégal), puis, dans certains pays d’Asie (Inde, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Viêt Nam et Indonésie).

 

En 2007, une réelle épidémie est déclarée en Micronésie (Ile de Yap dans le Pacifique), causant 5 000 infections.

 

En 2013 et 2014, en Polynésie française, 55 000 personnes ont été infectées par le virus Zika. L’épidémie se propage ensuite dans d’autres îles du Pacifique et notamment, la Nouvelle-Calédonie, les îles Cook et l’île de Pâques.

 

Le virus Zika est détecté pour la première fois dans le Nord-Ouest du Brésil en mai 2015 et sa présence s’étend très rapidement dans les autres régions du pays. Le Brésil rapporte le plus grand nombre de cas de Zika jamais décrit jusqu’à présent : entre 440 000 à 1 300 000 cas suspects rapportés.

Le virus est présent depuis octobre 2015 en Colombie, Salvador, Guatemala, Mexique, Panama, Paraguay, Surinam, Venezuela et Honduras.

 

En novembre 2015, l’Institut Pasteur de la Guyane confirme les premières détections de virus Zika au Surinam.

 

Le 18 décembre 2015, deux cas ont été détectés en Guyane française par l’Institut Pasteur de la Guyane. Deux cas sont identifiés également en Martinique.

 

L’expansion de la fièvre Zika pourrait avoir lieu dans les régions où le moustique Aedes est implanté et où une personne déjà infectée par le Zika séjournerait. En France, le moustique Aedes albopictus (moustique tigre) est présent dans 18 départements du Sud. La période d’expansion vectorielle se produit en général au mois de mai.

 

Moyens de lutte contre la maladie

Traitement

Actuellement il n’existe ni traitement, ni vaccin spécifique pour lutter contre le virus Zika.

Le traitement va consister à atténuer les symptômes, par la prise d’antalgiques. Toutefois, la prise d’aspirine est à éviter tant que le diagnostic n’a pas clairement écarté la possibilité d’une infection par le virus de la dengue, car dans ce cas l’anticoagulant pourrait induire des saignements.

 

Diagnostic

Dès l’apparition des symptômes, un prélèvement sanguin et d’urine permettra de confirmer le diagnostic, grâce à une méthode de RT-PCR qui permet de détecter les gènes du virus.

En cas de doute après un résultat négatif par RT-PCR, un dosage sérologique pourra confirmer ou non la présence d’anticorps spécifiques du virus Zika.

Ces tests sont réalisés uniquement par les Centres nationaux de référence des arboviroses (CNR).

 

Prévention

La seule façon de se protéger de la maladie Zika est de se protéger des piqûres de moustiques y compris durant la journée, en particulier en début et fin de journée, périodes d’activité du moustique, par des moyens physiques et chimiques : porter des vêtements couvrants, utiliser des produits répulsifs adaptés sur les vêtements et sur la peau, utiliser des moustiquaires et diffuseurs électriques d’insecticides en intérieur.

 

Les femmes enceintes vivant dans les zones à risques doivent se protéger des piqûres de moustique par tous ces moyens, particulièrement aux cours des deux premiers trimestres de la grossesse durant lesquels les risques de malformations pour le fœtus sont plus importants.

Les femmes enceintes désirant se rendre dans une zone touchée par l’épidémie de Zika doivent évaluer les risques au préalable avec leur médecin.

 

En parallèle de ces mesures de protection individuelles, la lutte contre la maladie nécessite d’empêcher la prolifération des moustiques. Pour cela, tous les gîtes potentiels pour le développement des larves de moustiques, c’est-à-dire les eaux stagnantes, doivent être éliminés : pots de fleurs, gouttières, pneus usagés, etc. Après chaque pluie notamment, il est recommandé de vider les rétentions d’eau qui peuvent se trouver autour de chez soi.

 

A l’Institut Pasteur

À l’Institut Pasteur à Paris :

 

En collaboration avec l’Institut Oswaldo Cruz à Rio de Janeiro (Brésil), les chercheurs de l’unité Arbovirus et insectes vecteurs, dirigée par Anna-Bella Failloux, ont testé la réceptivité (la capacité à contracter le virus) des moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus du Brésil et de Floride où ces deux espèces cohabitent.
Par ailleurs, ils ont évalué la compétence vectorielle (l’aptitude à transmettre le virus) d’Aedes aegypti de Guyane française, de Martinique et de Guadeloupe, où cette espèce est présente seule.

Ces populations de moustiques récemment récoltées sur le terrain ont été infectées en laboratoire de haute sécurité de niveau P3 avec le virus Zika de génotype asiatique qui provient de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie. Ce virus est quasiment identique à celui qui circule actuellement en Amérique centrale et en Amérique du Sud.

 

L’objectif de ces travaux actuellement en cours, est de déterminer la contribution des deux espèces Aedes aegypti et Aedes albopictus dans la dynamique de l’épidémie de Zika dans les Amériques. Ces données permettront d’évaluer l’étendue que pourrait prendre l’épidémie et de savoir si elle serait comparable à celle du chikungunya qui a commencé en Amériques (Caraïbes, île de Saint-Martin en octobre 2013) avec aujourd’hui plus de 45 pays atteints et plus d’1.7 million de cas (source : CDC).

 

Afin d’anticiper l’éventuelle implantation du virus Zika en France et en Europe, à l’image de ce qui s’est produit avec le chikungunya et la dengue (cas autochtones en France de chikungunya en 2010, 2014 ; et de dengue en 2010, 2014, et 2015) avec une transmission par Aedes albopictus, les chercheurs ont testé deux populations d’Aedes aegypti de l’île de Madère et deux populations d’Aedes albopictus du Sud de la France (Nice et Bar-sur-Loup).

 

Ces deux projets ont été financés par le LaBex IBEID (dirigé par Pascale Cossart et Philippe Sansonetti) et le projet européen DENFREE (coordonné par Anavaj Sakuntabhai).

 

 

En collaboration avec le Bureau de Veille Sanitaire en Polynésie française, le Centre Hospitalier de Polynésie française ainsi que l’institut Louis Malardé, l’unité Epidémiologie des maladies émergentes (UEME), dirigée par Arnaud Fontanet à l’Institut Pasteur, travaille depuis janvier 2014 sur l’épidémie de Zika ayant touché la Polynésie française d’octobre 2013 à avril 2014.

 

Le projet financé en partie par le LaBex IBEID vise à élucider le lien entre le virus Zika et l’augmentation nette de manifestations neurologiques graves à type de paralysie, appelés syndromes de Guillain-Barré (GBS), observée pendant la période épidémique du virus Zika. Ce travail associe également les équipes de la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) et de l’unité Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur.

 

Suite à l’augmentation suspecte de l’incidence des microcéphalies, l’UEME travaille également sur une description de l’incidence de cette malformation congénitale avant et après l’épidémie ainsi qu’à déterminer si l’infection par Zika de la femme au cours de la grossesse en est la cause, d’estimer la période de grossesse la plus à risque en cas d’infection ainsi que la probabilité de malformation chez l’enfant dont la mère aurait contracté le virus.

 

 

La Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU), dirigée par Jean-Claude Manuguerra, fait partie du Centre Collaborateur de l’OMS de Référence et de Recherche pour les Arbovirus et les Fièvres hémorragiques virales. Elle est impliquée dans le diagnostic et la recherche sur le virus Zika au travers de plusieurs de ses équipes :

 

Le Pôle d’Identification Virale (PIV) a mis au point et validé une technique de sérologie permettant de réaliser rapidement et à haut débit le diagnostic du virus Zika et d’autres arbovirus. Cette technologie a été déployée dans le Pacifique, en Asie et en Afrique, et est en cours de déploiement en Amérique du Sud, afin d’aider à lutter contre l’épidémie. D’autre part, le PIV développe actuellement un test moléculaire simple, rapide et peu coûteux permettant de gagner du temps et d’augmenter l’efficacité de prise en charge des  patients.

 

Le Pôle de Génotypage des Pathogènes (PGP) a réalisé le séquençage de souches du virus Zika de l’épidémie en Polynésie française en 2013 et ayant circulé dans le Pacifique, en collaboration avec l’Institut Louis Malardé en Polynésie française. Par ailleurs, le PGP est partenaire de l’Institut Pasteur de Nouvelle Calédonie pour le séquençage des isolats circulants actuellement dans le Pacifique, en Asie et en Afrique.
Le Groupe Arbovirus s’intéresse à développer des modèles animaux afin de mieux comprendre les effets pathologiques observés chez l’homme. Par ailleurs, il cherche à mieux définir l’interaction entre le virus Zika et les moustiques Aedes aegypti (vecteur principal) et Aedes albopictus (vecteur potentiel d’émergence et/ou de propagation du virus au niveau mondial) afin de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans la transmission vectorielle de ce virus et de pouvoir définir de nouvelles cibles pour bloquer l’infection de nouveaux hôtes vertébrés.

 

 

L’unité Génétique fonctionnelle des maladies infectieuses, dirigée par Anavaj Sakuntabhai, travaille sur la susceptibilité génétique à l’infection au virus Zika chez l’homme. En collaboration avec Amadou Sall (Institut Pasteur de Dakar), les chercheurs ont mesuré le taux d’anticorps de plusieurs arboviroses au sein d’une population locale. Par l’étude des gènes au sein des familles, ils cherchent à identifier une région du génome contenant un gène de résistance au virus Zika. Pour cela, ils vont tester des gènes candidats se situant dans cette région, grâce à des modèles d’infection in vitro. Ils étudient plusieurs modèles de souris pour identifier le mieux adapté, en collaboration avec l’unité de Génétique fonctionnelle de la souris.

 

Dans le réseau international des Instituts Pasteur :

 

L’Institut Pasteur de la Guyane :

 

L’Institut Pasteur de la Guyane héberge au sein du laboratoire de virologie, dirigé par Dominique Rousset, le Centre National de Référence des arbovirus, laboratoire associé pour la région Antilles-Guyane. Le laboratoire est donc légitimement sollicité pour toute suspicion d’arbovirose et notamment les émergences dans les territoires français des Amériques. C’est ainsi que les chercheurs ont pu confirmer début novembre 2015, par PCR en temps réel, les 5 premiers cas au Surinam. C’est en décembre que le laboratoire a détecté de façon assez rapprochée d’abord des cas d’infection importés du Surinam puis, des cas autochtones.

Grâce à ces échantillons, les chercheurs de l’Institut Pasteur de la Guyane ont pu séquencer l’intégralité du génome de ce virus. Le résultat publié dans The Lancet le 7 janvier 2016, montre que le virus qui circule actuellement est très proche de celui qui circulait en Polynésie française en 2013-2014.

 

Sur le plan de la recherche, les scientifiques travaillent à la mise au point d’outils pour la détection de virus dont celui du Zika. Il y a aujourd’hui au Brésil une augmentation très significative du nombre d’anomalies neurologiques congénitales. Ces anomalies sont-elles dues uniquement au virus Zika, à la circulation conjointe d’autres agents infectieux ou à d’autres facteurs ? Des projets de recherche devraient rapidement être mis en place pour répondre à ces questions.

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